Le Premier ministre britannique Rishi Sunak et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sont parvenus lundi à un accord pour mettre fin à plus d’un an de brouille sur les dispositions post-Brexit en Irlande du Nord. Le début d’un « nouveau chapitre » dans la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne s’est félicité Rishi Sunak au cours d’une conférence de presse commune.
Alors que Londres et Bruxelles semblaient récemment au bord de la guerre commerciale, le Premier ministre britannique Rishi Sunak s’est félicité, lundi 27 février, de l’ouverture d' »un nouveau chapitre » dans la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne grâce à la conclusion d’un accord pour modifier les arrangements post-Brexit pour l’Irlande du Nord après des mois de tensions.
Le Premier ministre britannique et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont annoncé être parvenu à un accord sur un nouveau protocole nord-irlandais qui « donnera satisfaction à tout le monde ».
« Nous avons trouvé le moyen de lever les incertitudes qui pesaient sur l’Irlande du Nord » a déclaré Rishi Sunak au cours d’une conférence de presse commune avec la cheffe de la Commission européenne à Windsor, après des discussions « finales » sur ce dossier, à l’origine du blocage des institutions de l’Irlande du Nord.
Le nouveau protocole permettra d’éviter l’existence de fait d’une frontière en mer d’Irlande tout en garantissant la protection des marchés européens, ont précisé les deux dirigeants. « L’accord protège la souveraineté du peuple d’Irlande du nord », a détaillé Rishi Sunak.
« C’est la seule solution pour ne pas avoir de frontière dure entre les deux Irlande », a continué le Premier ministre britannique, martelant que, « grâce à cet accord, il n’y aura pas de frontière en mer d’Irlande ». Le parlement nord-irlandais « pourra décider des lois européennes qui s’appliquent dans la province, mais Londres aura un droit de veto », a plus tard détaillé le Premier ministre britannique.
L’accord doit permettre à la fois d’offrir des « garanties solides » pour « protéger l’intégrité du marché unique européen », a souligné Ursula von der Leyen. « Et le plus important, c’est qu’il protège la paix durement obtenue grâce à l’accord du Vendredi Saint » de 1998 qui a mis fin au conflit entre unionistes surtout protestants et républicains en majorité catholiques et dont le 25e anniversaire sera célébré en avril, a-t-elle insisté.
Réactions en Irlande du Nord
La cheffe du parti républicain Sinn Fein, majoritaire au Parlement nord-irlandais, a appelé lundi à la reprise des institutions locales après l’annonce d’un accord entre Londres et Bruxelles sur les dispositions commerciales post-Brexit dans la province britannique.
Saluant l’accord, Michelle O’Neill a appelé les unionistes du DUP, qui boycottent depuis un an les institutions locales, à « rejoindre les autres partis et faire fonctionner » les institutions politiques en Irlande du Nord.
Le chef du parti unioniste démocrate (DUP), Jeffrey Donaldson, a de son côté estimé lundi que des « sujets d’inquiétudes majeurs » persistent après l’annonce de l’accord entre Londres et Bruxelles.
« Des progrès importants ont clairement été obtenus sur de nombreux sujets, dans le même temps il faut reconnaître qu’il reste des sujets d’inquiétudes majeurs », a déclaré Jeffrey Donaldson dans un communiqué, ajoutant que son parti allait désormais se pencher sur « les détails » de l’accord avant de décider de mettre fin ou non à son boycott des institutions locales.
Blocage politique depuis 1 an
Le protocole nord-irlandais, sur lequel Bruxelles et Londres ont fini par s’accorder lundi, a été au cœur d’une longue brouille entre Britanniques et Européens après le Brexit, faisant même craindre une guerre commerciale.
Signé en 2020, et négocié après le Brexit par l’ancien Premier ministre Boris Johnson, il réglemente la circulation des biens entre le reste du Royaume-Uni et l’Irlande du Nord, qui dispose de la seule frontière terrestre avec l’Union européenne.
Ce protocole voulait éviter une frontière terrestre entre l’Irlande et l’Irlande du Nord qui aurait risqué de fragiliser la paix conclue en 1998 entre les deux pays, après trois décennies sanglantes, tout en protégeant le marché unique européen.
Mais il posait des problèmes pratiques en imposant notamment des contrôles douaniers sur les marchandises de Grande-Bretagne arrivant en Irlande du Nord, et ce même si elles étaient destinées à rester dans la province britannique.
Ce protocole a ainsi généré des tensions entre l’Union européenne et Londres mais est aussi devenu un problème interne pour l’actuel Premier ministre britannique, Rishi Sunak, confronté à l’opposition des ‘durs du Brexit’ et à celle des unionistes du Democratic Unionist Party (DUP) à Belfast.
Ces derniers, opposés à toute remise en cause de l’appartenance de l’Irlande du Nord au Royaume-Uni, refusent toute application de facto du droit européen dans la province britannique et bloquent le fonctionnement de l’exécutif local depuis un an.
« Nous avons besoin que les choses reprennent. Nous devons régler ce problème », a affirmé lundi à l’AFP Vincent Ward, un Nord-Irlandais de 53 ans de Newry, dans le sud-est de la province.
« Les gens doivent savoir ce qui les attend », a abondé Joe O’Hanlan, un sexagénaire habitant dans cette ville frontalière avec l’Irlande. « La façon dont ça se passe maintenant, ça a ruiné la vie des gens et causé beaucoup de problèmes ».
Pour calmer les unionistes, Londres avait menacé au printemps dernier de revenir unilatéralement sur l’accord, suscitant la colère de Dublin et de Bruxelles qui avait alors brandi le spectre d’une guerre commerciale. L’accord obtenu lundi doit donc permettre de relancer les relations souvent acrimonieuses ces dernières années entre le gouvernement britannique et les 27.
Convaincre les eurosceptiques
Après sa conférence de presse avec Ursula von der Leyen, Rishi Sunak doit rentrer à Londres pour s’adresser aux députés à la Chambre des Communes. Ses explications s’annoncent délicates : il doit éviter une fronde qui affecterait son autorité après quatre mois au pouvoir.
Certains des eurosceptiques les plus durs de sa majorité ont déjà critiqué un compromis qui améliore le protocole sans remettre en cause son principe de maintenir certaines règles européennes en Irlande du Nord.
Entre-temps, Ursula von der Leyen rencontrera Charles III, une visite critiquée par certains qui déplorent que le roi se retrouve mêlé à des discussions politiques aussi controversées.
« Le roi est heureux de rencontrer n’importe quel dirigeant étranger en visite au Royaume-Uni et c’est le conseil du gouvernement qu’il le fasse », a réagi le palais de Buckingham dans un communiqué.
Avec AFP
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