Le télétravail total et obligatoire, sans encadrement adapté et pour certaines périodes, avec les enfants à la maison, pratiqué pendant la crise sanitaire, a mis en évidence que ce mode d’organisation du travail était porteur d’enjeux spécifiques pour les femmes tant au niveau de leurs conditions de travail que de leur santé et qu’il pouvait avoir des conséquences négatives en termes d’égalité professionnelle.
La pratique du télétravail présente des avantages et des risques, particulièrement pour les femmes, compte tenu des inégalités préexistantes dans la sphère domestique notamment. Inégale répartition des tâches ménagères, déséquilibre de la charge familiale, charge mentale… Les femmes subissent encore de nombreuses inégalités au sein des foyers qui peuvent être amplifiées par le recours au télétravail par exemple lorsqu’il répond à des difficultés régulières de garde d’enfants ou qu’il s’exerce dans des locaux inadaptés. Il peut alors entrainer des conséquences sur la santé mentale et impacter les parcours professionnels des femmes.
Les auteures rappellent dans un première partie l’évolution du cadre juridique et de la pratique du télétravail, identifient les potentiels impacts genrés de ce mode d’organisation du travail en terme d’accès au télétravail, de conditions de travail, de risques professionnels et d’évolution professionnelle (partie 2). Les auteures formulent des recommandations en lien avec ces différents aspects ainsi que des recommandations transversales afin de favoriser un télétravail émancipateur, vecteur de QVCT pour les femmes comme pour les hommes et soucieux des enjeux d’égalité professionnelle. Les recommandations du HCE s’adressent aux employeur.euses, aux partenaires sociaux ou encore aux pouvoirs publics (partie 3).
Le HCE alerte sur les enjeux spécifiques que le télétravail représente pour les femmes et propose des pistes pour que cette pratique ne vienne pas creuser davantage les inégalités entre les femmes et les hommes. Le HCE appelle donc à :
– développer des mesures de prévention des violences sexistes et sexuelles en situation de télétravail en y intégrant un volet sur les violences domestiques,
– développer le télétravail dans les tiers-lieux (espace de travail qui se distingue du bureau, de l’entreprise ou du domicile) pour éviter l’isolement et permettre l’accès à de bonnes conditions de travail (pièce dédiée, accès aux outils adéquats, concentration…),
– renforcer les politiques publiques d’accueil de la petite enfance ainsi que celles pour la prise en charge des personnes dépendantes et consolider les politiques d’entreprise de soutien à la parentalité et à l’aidance,
– garantir le droit à la déconnexion, non seulement pour éviter que la charge mentale et effective des femmes ne s’accentue mais aussi pour restreindre les « effets de réseaux » encore très masculins qui s’exercent généralement en dehors des horaires de travail.
Pour le HCE, le télétravail doit constituer un véritable sujet de recherche et être investigué par le biais d’une production de données statistiques genrées et recommande de mettre en place un outil statistique national avec des données genrées quantitatives et qualitatives sur le télétravail.
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