ESSAI – Dacia Jogger Hybrid : révolution low-cost ?

Lancé en début d’année dernière en essence et en GPL, le Jogger accueille aujourd’hui une motorisation hybride accouplée à une boîte automatique. Deux grandes premières pour Dacia, qui s’accompagnent d’une petite hausse tarifaire. Alors, est-ce que la recette fonctionne ? Et surtout, sommes-nous toujours dans l’esprit low-cost ?

Les ventes de Dacia vont bon train. Pour la sixième année consécutive la Sandero s’impose comme le modèle le plus vendu aux particuliers en Europe. En 2022 celle-ci était suivie par le Duster, qui a raflé la deuxième place du podium des ventes. Le Jogger quant à lui ne démérite pas, avec 100.000 commandes enregistrées depuis son lancement il y a un an. Un succès qui n’est pas prêt de fléchir. En effet, Dacia prévoit que les ventes de Jogger représentent 25% du mix global en France. Et pour cela le constructeur s’est offert les moyens de ses ambitions.

Le constat est sans appel : en 2022 une personne sur quatre a acheté un modèle hybride. Le Jogger s’impose donc comme un véritable véhicule de conquête pour Dacia. En effet, outre ses qualités intrinsèques – notamment ses capacités d’accueil en versions 5 ou 7 places – le break Dacia (4,55 m) est désormais proposé en essence, GPL et aujourd’hui en hybride. C’est d’ailleurs l’unique modèle du catalogue Dacia à être disponible en hybride. Et c’est aussi le seul hybride de sa catégorie affiché à moins de 25.000 euros.

Autre levier de ventes, le Jogger ne propose la boîte automatique qu’avec cette motorisation. En somme, celui-ci est en mesure de satisfaire deux types de clients. Ceux qui veulent de l’hybride et ceux qui souhaitent une boîte auto chez Dacia. Une seule offre pour répondre à deux besoins. Un véritable best-seller en perspective.

Une hybridation qui fonctionne !

Ces dernières années, bon nombre de constructeurs n’ont pas hésité à flanquer sur leurs modèles un badge Hybrid pas vraiment justifié : Fiat 500, Suzuki Swift, ou même Ford Puma et VW Golf… certaines versions se contentent d’un alterno-démarreur 12 ou 48v (un vulgaire système Stop & Start pour caricaturer le trait) qui ne légitime en rien l’appellation revendiquée.

Mais ne vous y trompez pas, le Jogger exploite une vraie technologie hybride, qui le rendra capable de répondre aux futures normes Euro7. Plus précisément, celui-ci hérite du moteur hybride E-Tech 140 inauguré il y a trois ans sur la Renault Clio, puis décliné sur le Captur et l’Arkana. Une mécanique éprouvée et fiabilisée, composée d’un quatre cylindres 1.6 litre atmosphérique de 90 ch accouplé à un moteur électrique de 50 ch et un démarreur/générateur développant une puissance combinée de 140 ch (et 205 Nm de couple maxi). 

La batterie de 1,2 kWh est quant à elle intégrée en lieu et place de la roue de secours (comme le réservoir pour la version GPL). Aucun compromis sur l’habitabilité ou sur l’énorme volume de chargement de 829 litres !

A bord, rien de neuf à l’horizon si ce n’est la présence du levier de la boite automatique et de l’intégration d’un nouveau bloc d’instrumentation désormais numérique, permettant d’afficher les flux d’énergie, l’autonomie ainsi que quelques informations plus classiques comme la pression de pneus.

Ça fonctionne bien ?

A l’usage, aucun mode de conduite à sélectionner, on ne peut pas faire plus simple. En effet, l’une des particularités de cette mécanique hybride est de fonctionner avec une boîte à crabot commandée électroniquement et de se passer du traditionnel embrayage. 

Ainsi, impossible de démarrer avec le moteur thermique. Les premiers tours de roues s’effectuent toujours en électrique. Afin que la batterie soit toujours suffisamment chargée pour assurer cette fonction, celle-ci se recharge par régénération au moindre lever de pied ainsi qu’aux freinages. Mais également via le moteur thermique qui fonctionne alors en générateur, que ce soit à l’arrêt en ville, ou en mouvement sur route.

Notons aussi que la boîte automatique dispose d’un mode « Brake » renforçant le frein moteur jusqu’à +70%, permettant ainsi de conduire pratiquement d’un seul pied. Dommage néanmoins que le système n’aille pas jusqu’à l’arrêt total.

L’agrément est réel ?

Avec un œuf sous le pied il est possible de circuler jusqu’à une vitesse de 50 voire 70 km/h sans déclencher le bloc thermique. Nous conseillons d’ailleurs vivement d’adopter une véritable écoconduite pour éviter l’emballement intempestif de la mécanique, très douce mais assez bruyante. On note aussi quelques moments d’inertie aux passages des rapports. En fait, les sensations sont très proches de celles d’une boite à variateur type CVT.

Malgré tout, l’agrément est réel, car le Jogger parvient régulièrement à rouler en mode zéro émission. Dacia indique qu’il serait possible de rouler 80% du temps du temps en ville en électrique et d’économiser ainsi jusqu’à 40% de carburant. Cela reste à vérifier. En tous cas le constat est moins flatteur sur voie rapide : dans la majorité des cas les 140 ch de puissance combinée suffisent à assurer des performances tout à fait correctes (0 à 100 km/h en 9,9 s), mais le moteur thermique se retrouve parfois à la peine avec ses 90 ch (et 148 Nm), pour assurer à la fois sa fonction première ainsi que le rôle de générateur.

Néanmoins, avec quatre personnes à bord et un coffre chargé, nous avons terminé la journée avec un consommation moyenne de 6,2 l/100 km, sans écoconduite particulière. Un beau résultat, proche des chiffres d’homologation (4,9 l/100 km). Ainsi, avec des rejets de 108 g/km de CO2, le Jogger Hybrid est épargné de malus. 

5.000 euros de plus !

Le Jogger hybrid démarre à partir de 24.600 euros en finition « Expression » et version 5 places, soit 5.000 euros de plus que les versions GPL. Un surcoût justifié par Dacia pour l’hybridation, la batterie, le boite automatique et le compteur numérique. Selon nous un peu difficile à digérer tout de même, bien que l’on retrouve cette différence de prix chez Renault sur le Captur et l’Arkana. En effet, sur la Clio, l’écart de prix ne s’élève qu’à 2.150 euros…

Cela fait donc de ce Jogger le modèle le plus cher de chez Dacia. Mais l’offre reste néanmoins la plus compétitive du marché des hybrides. En effet, comptez au moins 20.000 euros de plus pour un Ford S-Max Hybrid 7 places et un supplément de 25.000 euros pour un Kia Sorento Hybrid. Même du côté des modèles 5 places, il faudra au moins ajouter 8.000 euros pour une Toyota Corolla Touring Sports Hybride.

Reste à savoir si la clientèle Dacia optera comme d’habitude vers les finitions les plus hautes du catalogue et sélectionnera toutes les options. Il faut compter 900 euros pour les sept places et encore 1000 euros de plus pour la finition « Extreme » se distinguant notamment par des jantes aluminium, un vitrage teinté et des plaquages imitation carbone.